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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/229

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tient une croyance que de voir revenir à elle quelqu’un qui s’en est jusqu’alors passé si bruyamment ? Telles étaient mes idées, monsieur, d’autant plus que ma conversion ne serait pas l’effet d’un de ces coups de la grâce à quoi personne ne peut sans vanité s’attendre pour soi, mais un mouvement raisonnable et mesuré que chacun a, pour ainsi dire, à sa portée ; non pas un de ces entraînements dont on n’est pas maître, mais une pente certaine et sérieuse comme on peut s’en imposer une tout homme de bonne volonté.

M. de Bercaillé se tut un instant.

– Vous vous attendez, monsieur, – reprit-il en ricanant, – à ce que je vous fasse un tableau des difficultés que j’ai éprouvées vis-à-vis de moi-même pour en venir où je suis ! Vous imaginez des combats où j’eus à déraciner en moi les longues racines de l’impiété et la souche tenace des pensées où j’étais accoutumé ! Vous voudriez des examens, des élans, des rechutes, des pénitences, des sueurs, tout ce qui est d’usage en pareil cas ! Eh bien, monsieur, détrompez-vous. Rien de si aisé et de si facile et je ne doute pas, quand le jour viendra, que vous ne vous en aperceviez comme moi.

M. de Bercaillé s’arrêta. Marguerite Géraud