Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/230

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commençait à s’impatienter sous la toile. Elle fit un mouvement qui découvrit une de ses jambes. M. de Bercaillé reprit :

– C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire, seulement, le moment venu, ne vous avisez pas de raisonner et de conclure. Les raisons de croire et de ne pas croire sont parfaitement égales. Nous avions les nôtres d’être impies, comme d’autres ont les leurs de ne point l’être. Elles se valent, monsieur, et le tout est de choisir entre elles, sans trop y regarder. Croire en Dieu, monsieur, n’est guère autre chose que gober une de ces pilules dont on a soin de ne pas discuter ni goûter la substance et dont on se contente d’attendre un heureux effet.

Et M. de Bercaillé fit du gosier le mouvement d’avaler quelque chose d’un peu gros, ce qui fit remonter dans son cou maigre la bosse de sa pomme d’Adam.

– Ne riez pas, monsieur, – reprit M. Floreau de Bercaillé, – car j’entendis faire les choses pour de bon et je me résolus d’accompagner ma conversion de toutes les marques qui pouvaient montrer qu’elle était entière et de bon aloi. Je commençai par modifier mes façons de parler. C’est aux paroles, plus peut-être qu’aux actes, qu’on nous