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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/232

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remette à penser comme eux qu’ils n’y voient aucune espèce de mérite, ni rien qui vaille leur considération, d’autres trouveraient au contraire plutôt un certain caractère d’offense à ce qu’on cesse de penser différemment qu’eux. L’impiété est bien assez bonne pour autrui. Je vous jure que ceux-là tenaient ma conversion comme une familiarité assez déplacée. Ils la jugeaient comme une sorte d’effort insolent pour m’égaler à eux et n’étaient point insensibles à cette audace. Quelques-uns enfin, monsieur, n’aiment point à voir diminuer le nombre des impies ; n’est-ce point là un troupeau galeux, désigné d’avance aux colères de Dieu. L’occupation, au jour du jugement, de le bien châtier détournera la justice divine de trop examiner le cas des pécheurs ordinaires qui, à cause de cet encombrement, s’en tireront à meilleur marché. De telle façon, monsieur, que j’ai vu tout le monde s’éloigner de moi, et que c’est à un impie comme vous que je suis réduit à m’adresser.

M. de Bréot était fort disposé à soulager la peine du pauvre Floreau de Bercaillé, mais avant d’en finir, il lui demanda pourquoi, n’ayant pas trouvé dans la religion ce qu’il en attendait, il n’en revenait pas d’où il était parti. M. de Bercaillé secoua