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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/233

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les épaules avec découragement, puis il rougit brusquement et se leva en frappant la table du poing.

– Vous n’y pensez pas, monsieur, ils seraient trop contents et en tireraient trop d’orgueil ! Quoi donc, pour croire une fois en Dieu, il faudrait y avoir cru toujours ? Vous voudriez qu’un Floreau de Bercaillé en eût le démenti et s’avouât incapable de ce qu’il a entrepris. Non, je serai sauvé malgré eux et quoi qu’ils en disent, et je leur prouverai que cela n’est point si difficile qu’ils le prétendent. La belle mine que fera la bonne madame de Preignelay en me voyant arriver là-haut, et en habit d’ermite encore, monsieur, car tel est l’état que je vais embrasser. On m’a parlé d’un petit ermitage, non loin de cette auberge où nous nous sommes rencontrés. Le dernier ermite est parti avec cette petite servante qui nous versait du vin doux, si vous vous en souvenez. Je vais prendre sa place. La cabane est fort propre et à l’orée de la forêt. Le pays est assez fréquenté pour qu’on y vive commodément. Les paysans sont pieux et les voyageurs charitables. C’est là où je vais me retirer. Je laisserai croître ma barbe. Je trouverai bien chez le vieux Courboin de quoi me nipper. C’est à cela que serviront les écus que vous m’allez donner,