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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/245

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voulez bien en prendre ce qu’il vous faudra, j’attendrai que vous ayez fini pour vous dire ce que j’ai à vous dire.

Et tandis qu’il montrait à M. Le Varlon de Verrigny l’unique chaise du lieu, il s’assit sans façon sur le rebord du lit.

M. Le Varlon de Verrigny avalait à grandes cuillères son maigre potage, puis il s’attaqua aux légumes. Il fit la grimace en les trouvant fades et mal cuits.

– Eh ! eh ! monsieur, il me semble que votre pitance ne vous paraît guère bonne, mais vous vous y habituerez. La médiocrité de ces légumes leur vient de la façon dont ils ont été accommodés, car ils n’avaient pas mauvaise mine sur la plate-bande. Je les connais, c’est moi qui les soigne. J’aime à jardiner, monsieur, et on veut bien ici me laisser le soin de faire pousser ce que je veux. C’est une faveur dont je suis indigne et, si j’étais raisonnable, j’emploierais bien plutôt ma bêche à creuser un trou pour y enfouir ma carcasse pourrie qu’à remuer la terre pour la forcer à produire de quoi nourrir la matière misérable qui me compose et qui ne mérite guère d’être entretenue en vie et marchandée aux vers qui en auront la pâture : mais il faut