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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/290

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y retienne, car rien n’est plus ordinaire que cet endroit de France. Le pays est presque sauvage et ne présente rien de remarquable. Il est en partie couvert de vastes forêts. Les parcelles qu’on en a défrichées sont, je dois le dire, fertiles, mais leur peu d’étendue montre la paresse et la routine des habitants. Quant à la ville, ce qu’elle a de mieux est son auberge, qui est excellente, comme vous en pouvez juger, et où la chère est parfaite, à tel point, monsieur, que je m’y viens reposer, de celle que l’on fait au château où j’ai l’honneur d’avoir mon séjour ordinaire et qui appartient, comme moi-même, à monsieur le comte. Car, si monsieur le comte est un très grand seigneur et sa maison une magnifique demeure, il n’en est pas moins vrai qu’on y mange une cuisine où le gibier et la venaison tiennent tant de place que j’en éprouve une certaine répugnance de l’estomac à laquelle je remédie ici, de temps à autre, par des mets, sinon plus délicats, du moins plus agréables à mon goût particulier.

L’inconnu arrosa cette longue période d’un grand verre de vin et continua :

– La cave aussi, monsieur, y mérite quelque considération et c’est à elle aussi que je rends visite.