Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

N’en concluez point cependant que les celliers du château ne soient abondamment pourvus de vins de toutes les sortes, mais monsieur le comte en garde les clés avec beaucoup de soin, non par avarice, mais par raisonnement. Il prétend que la divine liqueur n’est point d’un bon effet sur l’entendement et qu’elle obscurcit la vue et bouche les oreilles, aussi m’en défend-il l’usage, car il tient beaucoup que j’aie les yeux ouverts à toutes choses et à toutes gens et que je sache très exactement ce qui se passe chez lui. Tel est, monsieur, en ces matières le sentiment de monsieur le comte et que je vous donne pour ce qu’il est et pour ce qu’il vaut.

M. de Bréot écoutait avec complaisance les paroles du personnage, en ayant soin que son verre ne restât pas vide devant lui et tout en portant parfois le sien à ses lèvres. Il semblait intéressé par ce que lui disait l’inconnu à qui il finit par demander innocemment qui donc était ce M. le comte dont le nom revenait tant de fois sur le tapis.

– C’est proprement, monsieur, comme je vous l’ai dit, un fort grand seigneur et j’ajouterai qu’on l’appelle monsieur le comte de Blionne. Vous verrez demain, en quittant Corventon, le château qu’il habite et où demeure également votre serviteur, car si je pouvais, monsieur, quelque chose pour vous, je le ferai de grand