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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/292

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cœur. Mon métier est de rendre service et mon inclination naturelle me porte à obliger mes semblables.

Au nom prononcé de M. de Blionne, M. de Bréot avait tressailli intérieurement, mais il se borna à remercier l’inconnu de ses honnêtes dispositions, en lui exprimant le regret de n’avoir pas l’occasion d’en user, car des affaires urgentes l’appelaient à Hercinières, aussi comptait-il se mettre en route, de bonne heure, le lendemain. L’inconnu lui témoigna beaucoup de chagrin de ce départ forcé. Soit que le vin qu’il avait bu fût de forte qualité, soit que le peu d’usage qu’il en faisait d’ordinaire lui eût enlevé l’habitude d’en supporter l’effet, l’inconnu devenait de plus en plus confiant envers M. de Bréot. Il lui apprit, au cours de ses confidences, que, marié deux fois, il était veuf de ses deux femmes, que la première, de visage et de corps agréables, lui avait donné le chagrin de la perdre trop tôt ; que la seconde, de caractère acariâtre, lui avait fait le plaisir de ne point mourir trop tard ; enfin, qu’il s’appelait