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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/293

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Hussonnois et qu’il était espion de police.

– Oui, monsieur, – continua-t-il, – tel est mon état et je suis heureux que vous ne montriez à l’apprendre aucun mouvement d’humeur. Beaucoup de personnes témoignent aux gens de mon métier des sentiments sans bienveillance, et je dois dire que le mépris qu’elles vont jusqu’à nous marquer ne vient que d’une mauvaise façon de raisonner. Qu’a-t-on, après tout, à nous tant reprocher ? De nous occuper des affaires des autres. Je répondrai à cela, tout d’abord, que ce soin ne nous distingue pas seuls. La plupart des hommes ne font guère autre chose par curiosité ou par sollicitude, et les ministres mêmes n’ont point d’autre charge. Ce n’est pas donc un grief qui soit valable ; ensuite, si nous appliquions à notre profit cette même perspicacité dont nous faisons preuve au service d’autrui, on n’aurait pas pour nous assez de louanges et l’on ne cesserait de vanter notre esprit et nos ressources, tandis que de les mettre à la disposition du prochain nous rabaisse injustement à ses yeux. Et pourtant, monsieur, qui songerait à contester pour de bon notre utilité ici-bas ? Est-ce notre faute si la méchanceté des hommes nous a rendus indispensables et est-il juste que cette même