Aller au contenu

Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/298

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

remarqué dans sa conduite quoi que ce fût qui pût donner à penser qu’elle en veuille changer le moins du monde. Madame de Blionne, monsieur, est honnête, douce, égale, régulière. Elle supporte la plus rigoureuse solitude sans que son esprit paraisse visité des humeurs qui troublent volontiers celui des femmes au milieu de la société et qui souvent le suivent jusque dans la retraite. Et pourtant, monsieur, il n’est pas de précautions que ne prenne d’elle monsieur le comte de Blionne. Je lui ai cependant fait part de mon sentiment. Il m’en témoigne beaucoup de satisfaction, mais sa jalousie n’en montre aucun soulagement et il m’engage à ne pas relâcher ma surveillance, à continuer toujours d’observer avec soin les abords du château, à m’inquiéter des gens qui sont de passage à la ville, car il craint les entreprises des galants et il pense que la beauté de sa femme a dû laisser dans Paris un souvenir assez fort pour que quelque amoureux, désespéré de son absence, puisse tenter, sinon de parvenir jusqu’à elle, au moins de lui faire parvenir quelque preuve de son amour. C’est ainsi, monsieur, qu’au lieu d’être avec vous à boire ce bon vin et à parler à cœur ouvert, je devrais, tout au contraire, tâcher de m’enquérir adroitement de vos intentions et de