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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/301

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laisses sous le fouet haut des valets. De M. de Blionne, M. de Bréot ne vit que le dos et la croupe du gros cheval pommelé qu’il montait avec beaucoup de solidité. Le fracas de la meute ni le pas des chevaux n’avaient réussi à réveiller M. Hussonnois, ainsi que M. de Bréot s’en aperçut lorsqu’une fois habillé il entra dans la chambre du dormeur. L’ivrogne ronflait toujours, mais il lui restait sans doute encore de son métier, quand il le fallait, une certaine finesse d’oreille, car M. Hussonnois fit un mouvement et ouvrit un œil. Sa figure écarlate et congestionnée sortit de l’hébétude où elle était et M. de Bréot fut fort surpris d’entendre M. Hussonnois lui dire d’une voix avinée, mais assez distincte :

– Ah, c’est vous, monsieur, et qu’en dites-vous. Voilà bien les effets de toute cette eau où m’oblige monsieur le comte ! Quatre ou cinq méchantes bouteilles ont suffi à me donner l’air, monsieur, que je dois avoir. Autrefois, il n’en était pas ainsi et je puisais dans le vin une lucidité admirable. Quand on voulait bien me confier quelque affaire d’importance j’en allais tout d’abord délibérer au cabaret. Je faisais mettre sur la table autant de flacons que de personnes en cause, et, une fois