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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/302

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vides, il me semblait que la substance même des pensées adverses fût entrée en moi, et je n’avais plus, monsieur, qu’à me comporter en conséquence.

Et M. Hussonnois éclata d’un gros rire qui dilata sa face retombée endormie sur l’oreiller.

Avant de partir, M. de Bréot recommanda M. Hussonnois à l’hôtelier :

– N’ayez crainte, monsieur, ce n’est pas la première fois que nous gardons ici monsieur Hussonnois dans l’état où vous le voyez. Il en a pour une partie de la journée à se réveiller pour de bon, après quoi, il sera frais et dispos. N’est-ce pas tout de même, monsieur, un bien brave homme que monsieur Hussonnois ? Toujours gai, toujours civil et le mot pour rire. Figurez-vous que, lorsqu’il vient ici faire une petite débauche, il a grand soin de coucher dans son lit au château un mannequin qui lui ressemble assez pour que, si monsieur le comte, ne voyant pas paraître son Hussonnois, s’avise de monter jusqu’à sa chambre afin de s’enquérir de lui, il le croie encore endormi, ce qui est arrivé plus d’une fois où monsieur le comte referma la porte et s’en alla sur les pointes pour ne pas troubler le sommeil d’un si bon serviteur dont le repos mérité