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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/304

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Il était bien deux heures de l’après-midi quand madame de Blionne se décida à quitter son appartement pour descendre dans les jardins où l’invitait la beauté du jour qui était un de ceux par où se termine parfois l’automne avec une douceur charmante. L’été y semble reparaître en une certaine mélancolie qui ajoute à son retour une grâce nouvelle et plus délicate. Le soleil est chaud encore et les arbres mêlent au reste de leur verdure des teintes diverses qui font d’eux on ne sait quoi de magnifique et d’incertain. Madame de Blionne aimait fort ces sortes de journées. Le murmure des eaux et le bruit des feuillages composent dans le silence des jardins une rumeur harmonieuse et mouvante. Madame de Blionne se promena tout d’abord le long des parterres qui ornaient la terrasse du château. Parfois, elle redressait la tige d’une fleur, parfois, elle marchait comme si elle avait hâte d’arriver à quelque tournant d’allée où elle s’arrêtait, un instant indécise. Elle portait un masque de velours noir pour protéger son teint ; ses belles mains gantées tenaient un bouquet cueilli des dernières roses