Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/305

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d’où tombait parfois sur le sable un pétale languissant.

La terrasse où se promenait madame de Blionne était bordée d’une balustrade de pierre. Madame de Blionne s’y accouda. Son regard dominait un grand miroir d’eau plate, en contre-bas, d’où partaient trois allées en patte d’oie. Elles étaient accompagnées de beaux arbres, celle de droite et celle de gauche ornées, de loin en loin, de petits dieux marins soutenant des vasques qui les inondaient de leurs ondes continuelles. L’allée du milieu, serrée entre une double palissade de buis, s’élargissait au bout par un demi-cercle où elle se découpait en arcades et en piliers qui entouraient un bassin, au milieu duquel fusait un jet d’eau, retombant en une pluie irisée. Plusieurs bancs étaient ménagés pour jouir à l’aise de ce beau spectacle.

C’est sur l’un d’eux que madame de Blionne aimait à venir s’asseoir pour y rêver. Ses pensées ne lui étaient pas toujours agréables et elle ne prenait pas à s’occuper d’elle-même tout le plaisir qu’y trouvent d’ordinaire les femmes. Elle éprouvait quelque mélancolie à songer au sort de sa beauté. Elle lui gardait quelque rancune d’avoir poussé son mari à de si singulières extrémités. Puis elle passait à