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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/306

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d’autres sujets de songerie. Certains donnaient à sa figure un air de confusion et de regret, et elle demeurait assise sur le banc à écouter le bruit des eaux et des feuilles dont beaucoup commençaient à tomber et à joncher la terre de leurs petits masques d’or et de pourpre, comme si elles se fussent détachées du visage même de l’automne.

Elle en regardait quelques-unes, ce jour-là, qui tombaient lentement et comme suspendues dans l’air transparent, lorsqu’il lui sembla entendre un léger craquement derrière la palissade de buis où le banc s’adossait, en même temps que quelques oiseaux s’envolaient d’un arbre. Qui donc dérangeait leur repos ? Madame de Blionne prêta l’oreille. Rien ne troublait plus le silence. Deux des feuilles volantes descendirent et atteignirent l’eau du bassin. Madame de Blionne les considéra un instant, puis ses yeux se portèrent autour d’elle, et un cri lui monta aux lèvres, arrêté dans sa gorge par l’étonnement de ce qu’elle apercevait.

Dans un interstice de la palissade de buis, une tête se montrait. Des cheveux longs et bouclés encadraient cette figure inattendue que surmontaient deux cornes dorées. Tout à coup, le buis s’écarta, et madame de Blionne vit debout devant elle, surprenant