Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/39

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crime de l’adultère ? D’ailleurs, à quoi bon ce subterfuge inutile ? Mon péché est en moi.

Et il heurta de son poing fermé sa poitrine vigoureuse.

– Ne croyez pas pourtant, monsieur, que je l’aime et que je m’en délecte. Au contraire, je le déteste, et il me paraît, chez les autres et en moi-même, le plus dégoûtant du monde. Par lui, l’homme se ravale à une sorte de brute, dont les mains tâtonnent, dont le nez flaire, dont la bouche bave et dont toute la fureur corporelle aboutit à une contorsion ridicule et courte. Et c’est à cela, monsieur, que j’aurai passé une bonne part de ma vie. Si encore j’étais jeune, j’y verrais quelque excuse, mais je ne le suis plus. Chaque jour me rapproche de la perdition, et la mienne est inévitable, à moins que quelque grand événement ne me change tout entier, ou que Dieu renouvelle en moi l’homme que je suis et que je ne vous souhaite pas d’être, monsieur, qui que vous soyez.

Il regarda au visage M. de Bréot, qui ne broncha point.

– Mais non, monsieur, vous n’êtes pas pareil à moi. Certes, quand nous vîmes, tout à l’heure, danser madame Blionne et que nos yeux se croisèrent