Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/40

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encore pleins de son image, je lus dans les vôtres un même désir que celui que je ressentais, et cependant, monsieur, je vous retrouve ici, le visage calme et les habits en ordre, tandis que vous me pouvez voir, à moi, le linge fripé, la perruque de travers et le pourpoint déboutonné.

Il soupira encore, mais, cette fois, moins de douleur que de regret, car ce fut d’un ton modéré qu’il continua son discours.

– Ce n’était pourtant que pour implorer le secours de Dieu et le prier de dissiper le trouble où m’avait mis un spectacle aussi païen que je m’étais retiré dans cette grotte. Je vous avouerai, en outre, que je n’aime guère ces jeux de poudre et de fusées. Toutes ces flammes qui rougissent le ciel et toutes ces pétarades qui crépitent aux oreilles me font penser aux feux éternels. Il me semble en voir les flammes se peindre dans mon esprit, et mon nez est offusqué de cette odeur de roussi qui se répand dans l’air. Je restai donc, tout le temps que dura ce fracas, assis le plus tranquillement du monde à l’intérieur de cet antre marin et rustique. Je m’étais placé commodément dans une sorte de niche où je me tenais en repos et, pour distraire mes pensées, entre deux oraisons, je m’attachais