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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/41

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à raisonner certains sujets de mon métier. C’est dans le silence, monsieur, que se prépare le mieux la parole. Ainsi méditée, elle sort plus abondante et plus riche.

» Je demeurai donc ainsi assez longtemps et je me disposais à sortir de ma retraite et à m’aller coucher. Je me félicitais déjà du bon effet de la prière et de la solitude, quand j’entendis des pas sur le sable de la grotte. Deux femmes y entraient. Elles avaient sans doute quitté le bal pour quelque raison que je ne savais pas, et elles ne s’aperçurent point de ma présence. J’allai les en avertir par quelque mouvement afin de ne pas risquer d’entendre ce qu’elles avaient sans doute à se dire de particulier, mais je discernai assez vite que je me trompais sur leurs intentions et qu’elles venaient là, non pour s’y entretenir, mais pour y accomplir familièrement un besoin naturel, car elles se troussèrent et laissèrent en riant couler d’elles-mêmes le trop-plein de leur nature. Ah ! monsieur, le démon a des voies bien secrètes et de quoi ne se sert-il pas pour nous amener à lui ! Pourquoi n’ai-je pas fui, mais pouvais-je penser que le spectacle d’une fonction aussi dégoûtante aurait d’autre effet que de m’induire à une juste considération de notre