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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/42

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bassesse et au sentiment du peu que nous sommes ? Le croirez-vous, monsieur, cette vue, au lieu de l’effet que j’en attendais, en eut un sur moi tout différent ! Je m’élançai de l’ombre où je me tenais. L’une des deux femmes eut le temps de se relever et s’enfuit en poussant un petit cri, mais l’autre, monsieur…

Et le gros homme baissa la tête avec accablement.

– Ma foi, – lui répondit, après un instant, et avec beaucoup de politesse, M. de Bréot, – ce que vous venez de me raconter, monsieur, ne me surprend pas entièrement. La nature a mis en nous des instincts fort divers, et celui qui vous a porté à ce que vous avez fait ne vous est pas si particulier que vous pensez. On peut être un fort honnête homme et aimer les femmes en ce que leur corps a de plus bas et de plus commun. Cela n’empêche point de se conduire judicieusement en toutes sortes de choses, et même, en celle-là, qu’avez-vous donc, après tout, à vous reprocher de si fâcheux ? Quel dommage véritable vous en reste-t-il, et le regret que vous en éprouvez ne vient-il pas de ce que même vous voulez bien vous le donner ? Je ne prétends pas dire par là qu’il ne soit pas plus délicat de mêler de l’amour et du sentiment où vous n’avez mis