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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/45

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un grand péché, car Dieu, monsieur, nous a défendu cela…

M. de Bréot se mit à rire à son tour.

– La défense date de loin, monsieur. Dieu a vieilli, et je crains bien qu’il ait perdu, avec la mémoire de ces défenses, jusqu’au souvenir de lui-même.

L’inconnu regarda M. de Bréot avec inquiétude et sévérité.

– Seriez-vous impie, monsieur ? Car, si je trouve en vos discours beaucoup d’indulgence pour l’homme, je n’y vois guère la crainte de Dieu. Ne croiriez-vous pas qu’il existe ?

– Ce serait beaucoup, monsieur, – répondit doucement M. de Bréot, – d’assurer qu’il n’est point, et trop peut-être d’affirmer qu’il est ; et il me paraît avoir fait assez pour lui de consentir qu’il puisse être.

L’inconnu s’était mis debout et toisait M. de Bréot qui le regardait sans plus rien dire. Il portait à son habit les traces du sable humide où il avait roulé avec madame du Tronquoy, et, sans penser qu’à chaque mouvement il montrait son linge, il marchait avec agitation.

– Quoi ! monsieur, qu’il puisse être, qu’il puisse