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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/46

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être… mais tout ne prouve-t-il pas qu’il est : nous-mêmes, qu’il a créés, ce monde sur quoi nous sommes, l’harmonie des sphères et le mouvement des astres, et jusqu’à cette belle aurore dont l’orient est tout éclairé.

Et de son doigt levé il montrait le ciel. Des teintes riches et transparentes s’y étalaient, délicatement superposées. Les violons du bal s’étaient tus et les oiseaux commençaient à chanter. Le sable de l’allée brillait doucement de ses petits cailloux humides. Les jardins du Verduron étaient charmants en cette fraîcheur matinale. L’inconnu avait saisi M. de Bréot par le bras. Ils marchèrent en silence.

À un détour de la charmille, le château apparut. M. de Bréot fit mine de dégager son bras ; l’autre le retint.

– Ah ! monsieur, ne pensez pas que je vous quitte comme cela. Ne voulez-vous pas plutôt que nous nous en retournions ensemble à Paris ? J’ai donné l’ordre à mes gens d’être prêts au lever du jour. Mon carrosse n’est point mauvais et nous nous y entretiendrons en route de fortes choses. Le ciel, monsieur, m’a donné quelque éloquence et je ne saurais mieux l’employer qu’à vous convaincre