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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/66

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M. de Bréot, – que je suis gentilhomme. Si je parle de mon état, n’y voyez pas une marque de vanité, mais bien plutôt l’effet d’une certaine modestie que je souhaiterais à tous ceux qui, comme moi, sont d’une bonne maison sans qu’elle soit illustre. Il me suffirait en ce dernier cas de me nommer pour que vous soyez convaincu de ma qualité, et je ne prendrais pas soin d’avertir l’ignorance où vous pourriez être, à bon droit, de la mienne. On m’appelle monsieur de Bréot, ce qui est quelque chose dans notre province, mais ce qui risque de n’être rien pour quelqu’un qui n’est point de celle du Berry. C’est là que je suis né et que sont nés avec moi et en moi les principes que vous voulez bien louer. Il faut croire, en effet, que cette idée de notre rien est bien naturelle à l’homme, puisqu’il m’a suffi de vivre pour en être peu à peu persuadé. J’en ai vu s’accroître longuement la force insensible, jusqu’au jour où il m’apparut clairement qu’il se fallait bien résoudre à n’être que ce que nous à faits la nature, c’est-à-dire je ne sais quoi de passager et de périssable. Pensez, qu’on n’a pas été sans m’apprendre, comme aux autres, qu’il y a en nous de quoi durer plus que nous-mêmes, mais je vous avoue que cette sorte d’immortalité ne fut jamais