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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/69

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veut pas de moi et passe à mon côté sans me rien dire, qu’à m’en retourner où j’ai vécu jusqu’à présent et où j’achèverai de vivre sans déplaisir et sans que personne ait à me reprocher de n’avoir pas tenté l’épreuve où chacun se doit soumettre de bonne grâce.

M. Floreau de Bercaillé écoutait avec attention le discours de M. de Bréot. Il avait paru en applaudir plus d’un point en baissant la tête, d’un mouvement répété, dû peut-être moins à l’intérêt qu’il y prenait qu’à une certaine lourdeur du cerveau causée par beaucoup de vin qu’il avait bu. Aussi, fut-ce d’une langue affectueuse et embarrassée qu’il répondit :

– Je crains bien que vous ne repreniez, plus tôt que vous ne pensez, le chemin de votre province, et je m’étonne même que vous ayez songé à la quitter. N’y aviez-vous pas vos aises, bon gîte et bon souper, et ce luth dont vous jouez et dont l’agréable occupation peut suffire à distraire les heures qui s’écoulent chaque jour entre la table et le lit ? Vous ne trouverez guère mieux ici. Si encore vous aviez l’esprit encombré de superstitions, je comprendrais que vous vinssiez parmi nous pour vous défaire des plus pesantes, mais votre cervelle