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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/70

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est saine et ne saurait être meilleure, et, s’il n’y avait que vous et moi pour croire en Dieu, ce serait, monsieur, une chose faite. Mais que diable allez-vous chercher à Paris ! Les gens de cœur n’y sont guère à leur place. Ce n’est plus comme au temps des troubles où se présentaient mille occasions favorables et avantageuses à un honnête homme et où les degrés de la fortune étaient au pied du plus hardi.

» Ah ! monsieur, tout est bien changé !… Il faut que vous sachiez qu’il règne partout un ordre si bien établi par un roi puissant et minutieux que chacun n’est plus qu’un chaînon de la chaîne et une roue de la mécanique. Chacun a son métier et il me semble que le vôtre est de pincer du luth, comme le mien de faire des vers. Tenons-nous-y, et estimez-vous encore heureux d’avoir un talent fort goûté de la meilleure compagnie, car on y prise davantage l’art de gratter les cordes d’un instrument que celui de tirer de son cerveau des imaginations nobles, gracieuses et galantes. Tel est le temps, monsieur. Nous ne pouvons rien sur lui et il peut beaucoup sur nous.

» C’est pourquoi je vous avertis que les impies ne sont pas trop bien vus dans le pays que vous allez