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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/75

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les suites sans trouver en lui la force de se réformer. Aussi n’avait-il rien négligé pour engager sa sœur à cette sainte et utile résolution, et, quand il la vit derrière la grille, pour de bon et en costume de chœur, il éprouva une pieuse joie et remercia le ciel de lui avoir donné une éloquence si naturelle et si efficace qu’elle avait conduit au bercail cette obéissante brebis. Il repassait volontiers dans son esprit les discours qu’il avait tenus à cette ouaille docile et dont il avait pris les traits et les couleurs en lui-même, car il savait mieux que personne le danger qu’il y a à vivre de la vie du siècle.

Ce fut une des plus belles harangues que prononçât jamais M. Le Varlon de Verrigny et l’une de celles dont il avait été le plus content, quoiqu’elle n’eût eu pour sujet qu’une simple fille incapable d’en admirer, comme il eût fallu, le tour et l’argument. Néanmoins, M. Le Varlon de Verrigny ne regrettait point le talent qu’il y avait dépensé, puisqu’il en avait reçu une juste récompense. Désormais, sa sœur bien-aimée se trouvait à l’abri des violences et des embûches du monde. Même elle avait si bien jugé du néant des biens terrestres qu’elle avait voulu faire par écrit une renonciation à tous les siens (que des legs, à elle particuliers,