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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/88

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la visite apostolique de M. de Bercaillé et qu’il fut remonté dans son carrosse, M. de Bréot continua à regarder ceux qui passaient. Il y avait force promeneurs, ce jour-là, sur le Cours, et il y régnait une grande animation de saluts et de rencontres. M. de Bréot y reconnut plusieurs personnages d’importance dont il connaissait de vue les visages. Le vieux Maréchal de Serpières y montra le sien, qui était fort ridé, à la portière de son carrosse. Le prince de Thuines passa dans le sien. M. de Bréot aperçut sa figure hardie et dangereuse où le sourire ajoutait une grâce aiguë et comme coupante. Et M. de Bréot ne pouvait s’empêcher de penser que tout ce monde, qui allait et venait, vivait à l’aise dans ce même péché où se tourmentait le pauvre M. Le Varlon de Verrigny. En effet, le plaisir que l’on prend avec son corps n’est-il pas une occupation presque entièrement commune à tous ? N’est-ce donc point pour s’y engager les uns et les autres que les hommes et les femmes se parent, se saluent, se coudoient, s’abordent et se complimentent ? Est-il aucun péché dont on convienne aussi volontiers que celui de la chair ? Tandis qu’on hésite à s’avouer brutal, avare ou envieux, ne se prétend-on pas ouvertement galant, paillard ou