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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/89

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débauché, encore que les délicats fassent à leur luxure un masque de l’amour, mais ce postiche ne trompe personne ? Le plus délicat, comme le plus grossier, en arrive toujours au même point. Aussi trouvait-il que M. Le Varlon de Verrigny mettait bien des façons à une chose si publique et si agréable, et qui, à lui, Armand de Bréot, ne paraissait que naturelle, car c’est la nature elle-même qui nous la commande et nous en fournit le moyen. M. de Bréot n’était pas sans avoir reçu plus d’une fois cet ordre de la nature, et il se souvenait, en particulier, du récent désir que lui avait fait éprouver, aux fêtes du Verduron, la vue de la belle madame de Blionne, dansant au ballet des Sylvains, parmi les verdures et les lumières, en sa robe d’argent qui faisait d’elle la Nymphe même des Fontaines, et il en ressentait encore, de l’avoir imaginée nue et ruisselante, sous ses atours transparents, un petit frisson voluptueux.

Dans cette nuit-là, M. de Bréot avait pensé souvent à madame de Blionne, aussi ne quitta-t-il point le Cours-la-Reine avant d’être assuré que son carrosse n’y était pas. Il ne l’avait rencontrée qu’une fois après le soir du Verduron, et encore avec sur le visage un masque de velours, ce qui ne l’avait