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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/91

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femme exerçaient le métier de vendre toutes sortes d’objets, et principalement des habits de rebut et des nippes défraîchies. On remontait chez eux sa garde-robe à peu de frais, et dans toute leur friperie, il y avait de quoi se vêtir assez bien, car ce qui, pour les uns, est déjà hors d’usage est juste à point pour que d’autres leur en trouvent un. Le sieur Courboin se montrait expert à vous assortir. C’était un assez vilain petit homme, contourné et chassieux, et sa femme une grande commère sournoise et criarde. Ce commerce amenait dans la maison des gens de toute espèce et peu recommandables, si bien que M. de Bréot, quand il sortait, ne laissait guère la clef sur la porte ni à ses coffres qui contenaient ses vêtements, son linge et plusieurs luths, dont un, en bois incrusté, auquel il tenait beaucoup.

Ce fut celui-là que M. de Bréot tira de son étui pour y ajuster la corde qu’il rapportait de chez le luthier, et qu’il alla essayer dans le petit jardin. M. de Bréot aimait fort s’y asseoir ainsi au crépuscule, quoique le lieu fût assez mélancolique, à l’étroit entre de hauts murs, avec quelques arbres maigres dont les feuilles commençaient à tomber dans les allées humides. Septembre finissait. Plus