Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/92

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d’un mois avait passé depuis les fêtes du Verduron. M. de Bréot pinça les cordes qui résonnèrent tristement. L’image de madame de Blionne lui apparut de nouveau, charmante, argentée et nue. Il baissa les yeux, et, au lieu de la brillante vision, il aperçut une fillette qui le regardait. C’était la fille de ces Courboin. Elle pouvait avoir au plus une quinzaine d’années. Elle était maigre, avec le visage pâle et chétif, vêtue d’une robe trop large et trop longue pour sa petite taille et pour son corps grêle, car les Courboin prenaient en leurs défroques de quoi l’habiller. Elle s’appelait Annette et venait souvent écouter M. de Bréot jouer du luth. Elle se tenait auprès de lui tranquille et attentive.

M. Floreau de Bercaillé, qui se remontait parfois, chez les Courboin, d’un peu de linge et de hardes, quand madame la marquise de Preignelay tardait trop à les lui renouveler, avait un jour trouvé M. de Bréot en cette compagnie. Sa présence ayant fait fuir la fillette, M. de Bercaillé complimenta M. de Bréot de cette élève, d’un air narquois et entendu.

M. de Bréot avait haussé les épaules, mais M. Floreau de Bercaillé lui avait répondu en riant qu’il en connaissait plus d’un à qui cette poitrine