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Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/98

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marcher au-dessus de sa tête avec lourdeur et précaution. Puis, tout à coup, un cri étouffé, puis un autre. Malgré l’épaisseur du plafond, il reconnut distinctement la voix de la petite Annette. Le bruit continuait. C’était celui d’une lutte. On courait dans la chambre. Il y eut le vacarme d’un meuble renversé. Les gémissements recommencèrent, assourdis, et se turent.

M. de Bréot s’était précipité dans l’escalier. D’un coup d’épaule, il fit sauter le verrou de la porte des Courboin. Tous deux étaient assis sur des ballots de chiffons avec, entre eux, sur un escabeau, une chandelle fumeuse. À la vue de M. de Bréot, ils se levèrent comme pour lui barrer le chemin. Du poing il les envoya rouler dans un tas de guenilles, la femme sur le ventre, l’homme sur son cul et laissant échapper de ses mains une pile de pièces d’or qui tombèrent sur le carreau. Sans s’occuper d’eux davantage, M. de Bréot avait saisi le chandelier et passé outre.

Un seul flambeau éclairait assez mal la chambre où il entra. Sur le lit défait et dont les draps pendaient jusqu’à terre, un corps était étendu. La petite Annette montrait sa nudité maigre et anguleuse. Ses cheveux, bien peignés en chignon,