Page:Régnier - Les Rencontres de monsieur Bréot, 1904.djvu/99

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ne s’étaient pas déroulés. Ses jambes minces tremblaient et ses genoux s’entrechoquaient avec un petit bruit sec. M. de Bréot s’approcha. La fillette portait, aux bras, des meurtrissures et, au cou, la trace des ongles qui le lui avaient serré. Il se pencha sur elle. L’enfant ouvrit les yeux. Ranimée, elle ramenait sur sa peau le linge déchiré de sa chemise, et, assise, les jambes pendantes, elle pleurait à gros sanglots, sa tête dans ses mains, ce qui faisait saillir son échine maigre.

M. de Bréot regarda autour de lui. Dans un angle de la pièce, un gros homme se tenait, le nez collé à la muraille. Effaré, piteux et tremblant, il se retourna, les mains jointes, et, à la lumière de la chandelle, M. de Bréot reconnut, en cette posture, qui lui était familière, M. Le Varlon de Verrigny, comme il l’avait déjà vu une fois, la perruque de travers, le linge en désordre et sa grosse figure rougeâtre et suante toute bouleversée, cette fois, de luxure, de surprise et de peur.

Cependant les Courboin, relevés de leur chute, avaient mis le nez à la porte. M. de Bréot alla à eux. Ils l’écoutaient la tête basse. La petite Annette avait cessé de pleurer et prêtait l’oreille au conciliabule. Quand il eut pris fin, M. de Bréot revint