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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/131

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Le bruit du moteur s’éloigne : on dirait que les flocons de neige sont des mouches, d’énormes abeilles, qui bourdonnent sur le miel blanc du paysage.

J’ai entassé des couvertures autour de Pierrette, j’ai fait tiédir du café ; elle le boit entre deux plaintes sourdes, mais ses yeux sont remplis d’une extase ingénue : du café chaud comme pour ses relevailles, elle se souvient ! On lui en donnait en récompense de sa peine pour avoir mis bas de jolis chevreaux. Maintenant, elle n’est plus bonne à rien, il est juste qu’on ne la retienne pas… Encore ? Elle en veut encore et elle avale tout doucement par petites gorgées comme quelqu’un qui savoure… Oh ! Pierrette, c’est le mauvais café, celui-là, il est sombre et amer pour l’éternité malgré le régal présent, mais, tu ne sais pas, toi, tu as l’unique possibilité de te rappeler un goût, une saveur, une odeur et avec cela tu te soutiendras jusqu’à la grande crevasse de la terre où tu glisseras des quatre pieds…

Je rêve, assise à son chevet, d’une résurrection miraculeuse. J’ai souvent rêvé de ces