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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/146

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pas. Il me semble que je pousse le courant avec mes bras, que je nage, moi qui n’ai jamais pu nager autrement qu’en périssoire.

Enfin, ça se décolle à l’endroit. La rive, en face, vient sur moi et je gagne un peu… de vagues, de très vague terrain. J’arrive au bord. Il est temps. Le vieux bateau enfonce. Je jette la corde à la femme fantôme, elle tire, tire, et me voilà sur le plancher des chèvres. J’ai envie de sauter d’abord à la gorge de cette créature qui ose m’aider. Elle paraît émerveillée de mon exploit.

Nous rentrons à la maison silencieusement. Elle monte, me suit.

« Tenez ! Prenez ces cent sous. Vous les avez bien mérités en tirant la corde !… C’est les cent sous de l’équarrisseur, le prix du sang… Moi, je vais me recoucher, j’en ai assez. »