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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/147

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VII


Comme c’est lent, comme c’est long d’attendre que cette guerre, accroupie sur le monde, achève de dévorer son tas de cadavres, et ils disent, là-bas, dans la capitale qui ne souffre pas encore du vent des pestilences, qu’il faut, pour honorer nos morts, sacrifier d’autres existences, de plus en plus jeunes ! Ceux qui poussent à mourir ont-ils le droit de vivre ? C’est le macabre enchaînement de la tuerie. Est ce qu’un jour on ne tuera pas par habitude du muscle, par goût, en temps de paix ? Tout est à craindre des peuples qui ont flairé le sang.

J’ai appris qu’un brave homme, jadis raisonnable, était revenu du front tout exprès pour cribler sa femme de coups de baïonnette, non parce qu’elle l’avait trompé, mais parce