Aller au contenu

Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et pour un temps indéterminé, c’est-à-dire tout prévoir : costume d’été, costume d’hiver, les chapeaux de la petite, mes treize bonnets, du linge, des habits d’homme, des couvertures lourdes, des manteaux… et pourquoi pus des parapluies, les trois chats, les trois rats, et peut-être des choses à sauver, des objets précieux… tout ça dans la voiture avec nous-mêmes ? « La voiture ? Notre devoir est de la laisser aux éventuelles réquisitions. On ne part pas pour son plaisir. Quand on s’en va comme ça, on s’en va n’importe comment. » Là-dessus je tombai toute raide. C’était encore bien plus simple… Fuir ? En emportant le strict nécessaire ? Pas plus, pas moins ! C’était, à mes yeux, tellement ridicule, que j’en préférais la paralysie…

Et j’entendais tout ça dans un rêve confus. Mon corps qui est un animal très intelligent jouait ce tour de passe-passe à mon esprit qui est celui d’une bête. Il me flanquait par terre comme le bœuf de la route sous la chaleur de raisonnements que je trouvais insensés.