Aller au contenu

Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’espèce humaine réduite à la plus lamentable des impuissances.

Un matin, je vis fort clairement que je désertais à l’envers. Fuite en avant, fuite en arrière, peu importe comment on se dérobe. Le devoir de la femme est toujours plus ordinaire que les grandes circonstances. Il était urgent de revenir à… au strict nécessaire de la vie. Brusquement, mes membres se délièrent, de nouveau je me sentis soulever par ma bonne santé comme par une eau tiède. Je me levai. Je fis les valises. Alice répétait : « Mais Madame ne tient pas debout… elle ne supportera pas le voyage ! » « Quel voyage ?… Moi, je retourne à la petite maison du bord de la Seine. C’est là qu’on aura la liberté de ses mouvements. Quand je serai dans un bois avec des rochers derrière mon dos… »

Il paraît qu’on avait même voulu mettre des mitrailleuses dans les rochers, des soldats dans le jardin. Oui, ça valait le voyage. Et l’on partit, machinalement, sans phrase et sans une émotion analysable. On se disait : au revoir. Alice et Charles avaient les regards