Aller au contenu

Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VIII


On éprouvait la sensation d’être en vase clos, sous la tôle d’une rôtissoire à gaz et on ne pouvait ni bouger, ni descendre aux arrêts ni surtout boire de l’eau, de l’eau pure qui paraissait complètement inconnue des naturels de l’endroit. Durant les premières heures du supplice je n’eus pas trop soif, mais la vision de ces fruits, défilant le long de la voie, comme un étalage aux multiples tentations, me donna l’envie de boire, à moi qui n’ai jamais envie de rien. Ils passaient presque à notre portée, lentement, le train ne marchant pas vite, hélas ! et il y en avait pour tous les goûts. Oh ! ces pruniers, ces pêchers, ces abricotiers, ces poiriers, ces pommiers, dont les branches ployaient, cassaient, sous la