Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/181

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pas par cette chaleur torride qu’on pouvait passer inaperçue en des nuances relativement obscures. J’avais un cache-poussière de tussor blanc à revers grenat et une capote de paille soie rose vif. Une étole de velours du Nord pour la fraîcheur inespérée, du soir. Je formais, ainsi, sur ce perron, la créature la plus scandaleusement voyante qu’on pût découvrir à l’œil nu. Je ne pouvais pas choisir une tenue plus éclatante pour essayer… de me dissimuler. Mais on ne choisit pas sa toilette de fuite, malheureusement.

Je sentis que dans mon dos une porte s’ouvrait ; je levai mes yeux, forts de leur innocence, et j’aperçus un groupe de domestiques dont un à gilet rayé de jaune dénotant une bonne livrée provinciale. « Qu’est ce que vous faites là ? » Ces individus me paraissaient en proie à la plus violente terreur derrière leur porte en solide bronze tarabiscoté : « Moi, mais je me repose, je suis horriblement fatiguée par neuf heures de chemin de fer et comme je ne connais pas votre ville, j’attends que mon mari me ramène une voiture de