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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/182

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l’hôtel. » Je parlais d’une voix calme, détachant toutes les syllabes avec mon habituelle netteté de diction. Je venais de montrer des rats savants, j’étais prête à tout événement insolite, pourtant je n’aurais pas rêvé celui-là. « Vous allez vous en aller, nous ne tolérons pas d’espionne ici. » Et ils refermèrent la porte qui sonna contre le mur comme un gong. Je fus prise d’un fou rire muet qui peu à peu se transmua en une colère, plus folle. Ça, par exemple, c’était trop raide. En quoi, pourquoi, ces valets de province voyaient-ils une espionne dans cette Parisienne, à talons Louis XV, fatiguée de marcher pour ne trouver ni un renseignement ni une voiture ? C’était idiot, infernalement stupide. Ils étaient singuliers, les habitants de cette ville médiatrice entre les troupes qui gagnaient Paris et les pauvres civils qui le perdaient ! Et puis, je ne pouvais pas m’éloigner, parce que le bon compagnon m’avait bien recommandé de ne pas bouger sous peine de lui égarer son point de repère… Je remis le chat dans ma poche et glissai la dernière amande à Chonchon. Je