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Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/264

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Elle balance son pied ruisselant d’une eau étincelante comme une lumière, ses cheveux se tordent autour d’elle pareils au serpent d’écailles d’or que l’on montre entourant l’arbre de la science du bien et du mal dans les vieilles enluminures des bibles. Elle est à la fois indifférente et triste, ironique et sur le point de pleurer, mais elle regarde en haut très loin et elle n’a pas honte de sa nudité. Elle vous glace, parce qu’elle a froid. Peut-être souffre-t-elle, maintenant, de toutes ces souffrances noblement supportées, de ces orgueils si purs qu’ils sont retombés sur elle comme une couche de neige où transparaît à peine son corps d’immortelle déesse.

— Vous disiez que vous avez le respect de la vie, murmure-t-elle en jouant avec un éclat de verre qu’elle tient entre le pouce et l’index, alors si vous la voulez belle ne brisez pas les miroirs, jouez avec tous les rayons, lampe voilée du travail ou beau jour de soleil sur les campagnes ; vous auriez tort de vous priver des multiplications du mensonge, car ceux qui tiennent au triomphe de la vérité font