Page:Rachilde - Dans le puits, 1918.djvu/265

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toujours œuvre de mort. D’ailleurs, je suis plus décevante que n’importe quelle utopie.

— D’où vient donc, Madame, que lorsqu’on vous a entr’aperçue on ne peut plus se passer de votre présence… réelle ou fictive ?

— C’est parce que je luis. Tous les hommes aiment ce qui brille et ils me cherchent dans la lumière. J’y vois à peine moi-même, tant je m’éblouis quand je sors de mon antre.

— Madame, si vous êtes sortie, c’est que vous attendez sans doute ce que nous attendons, la fin de nos maux : la victoire ?

— Je croyais que vous attendiez… un petit garçon.

Elle a eu un sourire singulier, moqueur et peut-être tendre :

— Allons ! C’est bien un garçon. Vous l’annonciez et c’était, cela, une vérité, une chose inventée par vous dans des nuitées de fièvre que vous avez vu se réaliser sous vos propres yeux. Maintenant, vous exigez aussi la victoire ? Vous me demandez trop. Demain, le monde sera-t-il changé parce que les hommes