Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/140

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— Peut-on savoir ce que ce garçon t’a raconté dans ce tête-à-tête d’au moins une heure ? demanda le juge au tribunal civil qui se transportait lui-même au criminel et commençait à plaider le fond.

Félia mangeait pour la forme, ne parvenant plus à avaler un morceau et pâlissant par instant à croire qu’elle allait défaillir. Ce qui l’impressionnait, c’était surtout le mutisme de son frère qui semblait se désintéresser absolument de cette histoire.

— Il ne m’a rien dit, prononça lentement la jeune fille, craignant de laisser lire à travers quelques phrases plus ou moins bien imaginées d’autres phrases qui résonnaient encore à ses oreilles. Je n’entends pas beaucoup le patois et il était trop occupé de sa jambe, le pauvre, pour songer à la conversation.

— Ah ! ah ! ricana le juge. Le pauvre ! C’est attendrissant ! Tu l’entends, Félix, nous ne saurons jamais les imprécations qui furent lancées contre les ayants droit !