Page:Rachilde - L’Amazone rouge, 1931.djvu/141

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Mademoiselle, qui prétend avoir couru à cheval après un fuyard boiteux, témoigne d’une grande pitié pour ce personnage, lequel depuis au moins cinq ans dévaste mes chasses ! Plus de coq de bruyère, plus de perdrix et tous les garennes pendus à ses collets. Enfin… si tu l’as sauvé, pourquoi n’as-tu pas le courage de l’avouer… et peux-tu me jurer que tu n’y es pour rien ? Devant un tribunal, le témoin est obligé de jurer, ma chère enfant, de dire la vérité, toute la vérité.

— Je jure que ce n’est pas moi qui l’ai sauvé ! répondit machinalement la jeune fille.

Félix, qui l’examinait à cette même minute à la lueur froide des regards de son père semblant la transpercer, tressaillit et jeta d’un ton câlin, de ce ton qu’il prenait pour se moquer sans que l’on s’en doutât :

— Ce n’est pas lui non plus qui s’est sauvé, n’est-ce pas, Félicie ?

— Bien sûr ! bégaya-t-elle, se mettant à trembler de tous ses membres.