Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/103

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de Wolwich… je tournai le grand parc attenant au village. Ce parc était immense : on le louait tous les ans, aux lords de Londres, qui y venaient, à l’époque de la chasse, pour courir le renard. On pouvait entendre, de Peddry, les aboiements forcenés de la meute poursuivant le malheureux gibier ; mais, au moment où je le traversais, le parc était silencieux. C’était à peine si, de temps en temps, le cri désagréable d’une pie venait troubler le calme de cette solitude.

Mes pensées étaient bien en harmonie avec la triste matinée ; tout était confusion et larmes dans ma pauvre imagination.

Je venais de quitter une tombe et je me dirigeais vers Peddry, où m’attendaient de monotones occupations, des contrariétés continuelles, un immense chagrin que les indifférents semblaient augmenter à plaisir.

Le mois que James avait demandé était presque fini. On travaillait déjà à la robe de noces de ma sœur. Il fallait annoncer à l’usine la belle destinée qu’on faisait à son jeune chef ; il faudrait écouter avec patience les exclamations de surprise et les compliments de ces