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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/104

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gens-là ; bien entendu, il faudrait leur sourire de peur qu’on ne soupçonne notre honte ! Et puis, c’était le bourdonnement de ce gros docteur Hortwer, qui ne quittait plus la maison depuis la mort de mon mari. Je devais respecter sa présence parce qu’il m’avait été recommandé par Edgard ; mais combien j’aurais voulu le voir ailleurs !…

À toutes les minutes, c’étaient des questions indiscrètes :

— Mais, pourquoi ne pas vous opposer à ce mariage ?… Mistress, c’est une folie qu’il faut empêcher !… Mistress, il est encore temps… Mistress, c’est un ami qui vous parle… Enfin, ce James n’a point l’air si amoureux… etc., etc.

Puis, mon père, ne sortant de son flegme que pour lancer à Madge une sanglante ironie. « Le baronnet sir Charles a l’intention de faire raccommoder la grille de son parc à ton mari, le jour de la noce !…

Madge avait sa propre passion pour refuge ; mais moi, je n’avais que la douleur, et j’étais continuellement obligée de veiller aux convenances. James, aimant une autre femme, oubliait son rôle de fiancé ; il fallait dissimuler