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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/108

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quait les symptômes du délire… du délire que je n’avais pas, car je vous sentais près de moi malgré le soin que vous mettiez à vous dissimuler derrière mes rideaux…

J’eus un geste de terreur, il crut que j’allais m’enfuir et saisit dans ses doigts crispés un pli de ma robe.

— Non… vous m’entendrez, Ellen ! il y a assez longtemps que je cherche cette occasion… vous êtes libre, je le répète, et vous avez donc le droit de m’entendre… Ellen, le mariage que vous me faites faire va me forcer à vivre de votre vie, à vous voir sans cesse, c’est-à-dire à endurer un effrayant supplice auquel peut-être je ne résisterai pas. Je n’ai jamais su résister, moi ! Comment apprendrais-je, maintenant, que vous serez toujours à mes côtés, le respect, la douceur, les manières absurdes, enfin, en usage dans notre monde ? L’intimité de la famille va me permettre des choses qui me font bouillir le sang quand j’y pense ! Quel crime y aura-t-il à embrasser ma sœur Ellen, à demeurer en tête-à-tête avec ma sœur Ellen ?… Habitant sous le même toit, nous allons dormir à deux pas l’un de l’autre !…