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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/109

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Et je me connais, je multiplierai ces rencontres, ces baisers… puis, un soir, j’irai droit au but de ma passion, sans savoir moi-même que je commettrai une action très lâche… Madge ne m’empêchera pas de vous vouloir irrésistiblement. Madge ne m’est plus rien, je ne l’aime plus… D’ailleurs, je ne l’ai point aimée… ce fut un simple caprice sensuel. Et aux hommes sensuels comme moi la satisfaction d’un désir suffit… Peut-être, si vous aviez été à la place de votre sœur je l’aurais encore tendrement adorée !… mais Madge ce n’est pas vous ! Oh ! non ! Et vous, Ellen, depuis deux ans, vous êtes ma folie… je ne rêve que de vous… et je ne peux ni vous prendre ni vous oublier !… Quel enfer !… mon Dieu ! Si nous restons ensemble, je vais devenir furieux… je n’ai ni éducation ni religion. Ma pitié pour Madge se changera en aversion. Je vous assure… ce mariage ne doit pas s’accomplir… car s’il s’accomplissait, je profiterais de toutes les occasions pour vous avoir.

J’écoutais, immobile comme une statue. Cela n’était pas possible… je faisais un horrible rêve !