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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/116

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lures grossières, cela fera un bon mari… un beau mari, même ; il a quelque chose de très original dans la figure.

On peut penser quel genre de torture m’infligèrent ces stupides consolations. Mon père ne cessait de répéter que Madge était folle ; celle-ci courait à lui avec son emportement habituel et l’accablait de caresses. Ce fut pendant ce temps que James entra. Il avait été salué par les acclamations de ses ouvriers. Il était livide.

— Mon garçon, lui dit mon père, attiré par sa fille, venez à moi ; je cède… j’ai cédé, hélas ! Ma petite Madge était ma favorite, bien qu’elle n’ait pas la raison et la sagesse de sa sœur… Votre main, James. Songez quel sacrifice je vous fais… Ah ! c’est la première fois qu’on verra un mariage d’amour dans notre famille !

Ils se serrèrent la main. Madge se tenait suspendue au cou de son père ; elle pleurait de joie ou de remords.

— Embrassez votre fiancée, dit encore mon père.

Je me levai ; j’aurais voulu m’enfuir.