Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/172

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répugnait, parce qu’il me mettait en évidence. Tant que je pourrais me suffire, j’étais décidée à ne pas l’entreprendre.

Juliette, qui, je le crois, avait deviné ma situation vis-à-vis de mon beau-frère, m’aidait avec un zèle dont je lui étais bien reconnaissante. La pauvre fille ne faisait jamais allusion au passé, elle travaillait sans regretter les beaux jours de Peddry. Plusieurs fois, en prononçant le nom de James, elle avait rougi en me regardant. Elle m’avait dit aussi :

— James est très violent : ce qu’il veut, il le veut bien. Je crois que mistress est trop pure pour rester près de lui.

Je ne relevai point ces observations ; seulement, je fus très mortifiée de savoir cette fille au courant d’une pareille chose.

Je voyais souvent Hortwer. Il me disait que cela marchait fort mal à Peddry, que ma sœur n’allait pas bien… Enfin, il me tourmentait plus qu’il ne m’égayait. Je revenais de chez son ami, le cœur toujours navré.

Madge cessa de venir. Mon père se mit à correspondre avec moi et espaça ses visites. Ses lettres ne tarissaient pas sur le compte de