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Page:Rachilde - L’Homme roux, suivi de La Fille de neige, 1888.djvu/176

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j’étais, son profil accentué se détacher nettement de l’atmosphère rouge du creuset. Ses yeux, fixes et étincelants, avaient une expression de joie sauvage ; ses lèvres se retroussaient de temps en temps sous un sourire sardonique.

Quand il eut achevé son cigare, il sortit lentement de l’atelier. Il était venu porter la nouvelle d’une façon assez brusque, il s’en retournait en hésitant. Ses gestes avaient une sorte de fatigue ; il craignait de revenir au cottage.

Je courus à la barrière, je franchis la pelouse. Sur le perron, mon cœur, sans lequel je comptais toujours, se mit à battre rapidement. Je domptai mon émotion et j’entrai.

Madge était dans sa chambre, étendue sur sa chaise longue. Au lieu de se précipiter à mon cou, elle éclata en sanglots.

Nous restâmes dans les bras l’une de l’autre bien longtemps. Elle me raconta ce qu’elle avait souffert de la part de son mari. Son désespoir m’effrayait. Elle me soutenait qu’il ne l’aimait plus, qu’elle en mourrait !… En réa-